« Salut tout le monde ! Je m'appelle Dawn ! » Elle fît une pause « Non, vraiment ça va pas. »
Elle se racla la gorge et reprit.
« Il était une fois, une jolie petite princesse née à Orléans, en France, vous savez, de l'autre côté de l'Océan Atlantique, à des milliers de kilomètres d'ici ? Cette princesse, c'était moi. Oui, je suis née en France, d'un père parfaitement français, d'où mon nom, et d'une mère américaine. Je suis fille unique, jusqu'aux dernières nouvelles. De toute façon, maintenant, je pense que je resterais fille unique toute ma vie !
Comme vous le voyez, j'ai déménagé aux États-Unis quelques années seulement après ma naissance, car mon père avait soif d'aventure, de voyage, et il voulait faire plaisir à ma jolie petite maman. Il voulait qu'elle retrouve son pays natal, et c'est donc avec cette idée en tête que nous avons déménagés à Austin, au Texas. Mes parents ont trouvé des jobs ici, mais ce fût très dur pendant une période, surtout pour mon père. Son accent n'était pas parfait, et il était étranger, alors, nous avons galéré pendant des mois. Je me rappelle que c'était très tendu à la maison, mes parents n'arrêtaient pas de se chamailler.
C'est aussi à cette période de ma vie que j'ai rencontré Prudence, ma meilleure amie jusqu'à aujourd'hui.
A cette époque, j'étais une petite princesse, mon père s'occupait de moi énormément, et ma mère veillait tout le temps sur moi. J'étais cajolée, j'imaginais ma vie comme étant un conte de fée, et j'étais une petite fille discrète, enfin, d'aussi loin que je m'en souvienne. En voyant que je n'arrivais pas à me défendre, Prudence est venue à mon secours. La première fois qu'elle m'a adressé la parole, elle s'est moquée de moi.
Bon, OK, j'avoue, mon accent anglais est vraiment nul ! Mais je m'entraîne, hein ! »
Elle fît une pause.
« Voilà comment ça s'est passé quand je suis arrivée en Amérique. Après tout ça, j'ai poursuivit mes études, et je faisais les 400 coups avec Prudence, surtout quand on était au collège. J'avoue que la période dans laquelle j'ai fais ma crise d'adolescence était assez difficile. Enfin, pour mes parents, qu'on soit bien clairs ! Pour moi, c'était la plus belle période de ma vie ! »
Elle soupira.
« Ah, quand je pense au graffiti qu'on avait dessiné sur le mur de la vieille madame Blueright ! Ahlala ! Bref. Quand je suis rentrée au lycée, j'ai traversé une période difficile. Je ne suis pas très extravertie, je suis une fille plutôt discrète, alors dès que Prudence a commencé à m'ignorer -je pense qu'elle souffrait beaucoup à cette époque- je n'ai pas pu me faire de nouveaux amis. Disons que j'étais la petite timide du lycée, personne ne me parlait. Je faisais peur où quoi ? Pourtant, je ressemble à une princesse ! » Elle fît la mou, incrédule.
« Bref, j'ai beaucoup pleuré, car je suis d'un naturel sensible...Mais bon, à la fac j'ai retrouvé Prudence. Oui, j'ai entamé des études de marketing, mais bon, je n'étais pas très motivée pour faire des études, et c'est à ce moment là que mon père me fît sa leçon de morale sur la vie, et ses hauts, ses bas, bref, normal quoi ! Mais je n'avais envie de lui dire qu'une chose « Mec, t'es venu en Amérique avec un accent pourri, et tu gagnes beaucoup d'argent maintenant ! » En plus, j'avais plus d'une corde à mon arc, j'étais bilingue ! Il n'a jamais voulu comprendre que les études, ce n'était pas fait pour moi. Non, je voulais devenir indépendante, tout de même, trouver un travail.  Ma mère m'en empêcha et essaya de me raisonner comme elle le pouvait. Après tout, c'était ma maman chérie, et la seule chose à laquelle je pensais, c'était qu'elle soit fière de moi. »
Dawn baissa les yeux.
« Bref, j'ai beaucoup fait la fête durant cette période, et je suis restée 4 ans à la fac, et tout de suite après, je me suis trouvé un boulot. Certes, ce n'est pas génial, je suis vendeuse dans une boutique de prêt à porter, mais je dessine aussi mes propres créations, ça peut sûrement être un tremplin pour ma carrière si j'arrive à les proposer. Je ne me dégonfle pas, je suis juste un peu peureuse, je n'aime pas me lancer, de peur d'aller droit dans le mur. Je suis comme ça moi. »
« Quant à ma vie amoureuse... ? Disons que c'était le vide intergalactique, vous voyez ? Je devais faire peur aux garçons, ou peut-être que parler à une jeune fille en fleur n'était pas leur truc. J'avoue, j'ai eu quelques conquêtes, mais rien de très sérieux, je suis toujours restée un peu hésitante sur la question. Je rêve du prince charmant, vous savez, celui avec qui je resterais toute ma vie, sans me marier. Vous voyez le genre ? Et puis, c'est tellement rocambolesque ! »
Dawn afficha un air rêveur.
« Bref, à la fac, j'ai renoué avec Prudence, c'était tellement bien. Elle m'avait énormément manquée, et je ne pouvais pas vivre un peu plus sans elle, c'était comme une attache à ma vie américaine...Et puis, son absence créait un vide, vous voyez ? Comme si je n'avais plus personne à qui parler, ou me confier, comme si j'étais...un peu..seule ? »
D'un seul coup, le visage de Dawn s'assombrit.
« Vous voyez,...je sais qu'elle a traversé une période difficile, et c'est aussi le cas pour moi en ce moment. Il y a quelques mois, j'ai rencontré cet homme, d'une trentaine d'année. On s'est rencontrés dans un bar, un soir alors que j'étais toute seule, et on a bavardé pendant un long moment. Il s’appelait Stanislav, d'après lui, il était d'origine russe, et il restait à Austin pendant un petit moment après avoir été envoyé en Afghanistan, en Iran, ou en Irak, je ne me rappelle plus très bien. Bref, il était très charmant, et sympathique, j'ai tout de suite vu que quelque chose se passait entre nous. C'est comme ça que j'ai finit la soirée chez lui. Mais je savais que pour lui, c'était différent, j'étais juste un amusement, vous savez, quelque chose dont on a plus besoin après. »
Elle renifla.
« Mais, il y a une semaine, j'ai été prise de nausées..Et j'ai filé chez le docteur, qui m'a annoncé avec un grand sourire que j'étais enceinte. Vous voyez le genre ? J'ai cru tomber de ma chaise, pour tout vous dire, j'étais choquée, apeurée, je ne savais pas du tout quoi faire, bref, je me suis sentie très mal...Et encore plus parce que ce prétendu Stanislav n'avait aucune envie de s'engager, de fonder une famille, il profitait de sa vie, et j'étais juste une fille de passage. Aujourd'hui encore, je ne sais pas ce que je vais faire, je suis complètement perdue. »